

SAMSAM SOOM - Interview
Armé de son jogging jaune fluo, c'est plein de douceur que le chevalier SamSam Soom se livre à nous. Son équipe, ses projets, ses influences : rencontre avec cet artiste haut en couleur et full amour.
Peux-tu nous raconter tes débuts dans le rap ?
SamSam Soom : On pourrait presque parler de début dans la musique. J’ai commencé très petit. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont vite initié à ça et qui m’ont vite inscrit à l’éveil musical. J’ai fait de la contrebasse pendant longtemps, j’ai fait du jazz du coup. J’ai commencé à écrire à l’adolescence, en quatrième ou troisième. C’était vraiment pour faire marrer mes potes et pour me faire marrer moi, c’était un jeu. Et puis petit à petit, il y a du monde qui m’a dit « c’est lourd, ça serait cool que tu fasses des morceaux ». J’ai commencé à rencontrer les gens avec qui je travaille aujourd’hui, qui m’ont aussi poussé là-dedans. C’est que des rencontres en fait. J’ai bougé à Lille pour faire mes études, du coup j’ai pris le rap un peu plus au sérieux. J’ai rencontré une asso qui m’a fait enregistrer pour la première fois, qui m’a fait découvrir le rap comme c’était vraiment. Petit à petit, j’ai pris mes marques, j’ai trouvé mon identité. Ça fait deux ans que je le fais de plus en plus sérieusement et un an que je le fais de façon professionnelle.
Comment définis-tu ton identité musicale ?
SamSam Soom : Douce. Franchement il ne s’agit que de douceur. C’est très important pour moi de véhiculer des choses qui sont proches de moi, de les partager avec mon public et inch'allah au monde entier. C’est « aimez-vous, faites-vous kiffer, faites-vous l’amour, soyez beaux, soyez doux et contemplez la vie ». D’où ce titre d’auto-proclamation de chevalier de la douceur que j’essaie d’honorer tous les jours. (NDLR : son pseudo instagram). La quête et le chemin sont encore longs vers le chemin de la douceur, mais j’y travaille.
Pourquoi Samsam Soom ?
SamSam Soom : Je m’appelle Samuel de base, mais personne ne m’appelle comme ça à part les profs quand j’étais en cours et mes darons quand ils voulaient m’engueuler. Tous mes potes m’appellent Sam ou SamSam, du coup c’est venu comme ça. SamSam, c’est le plus petit des grands héros, c’est un dessin animé. Il fallait ajouter un petit truc pour se différencier de ça, du coup « Soom » est venu parce que quand je rappais à l’ancienne au lycée, j’avais un pote qui disait toujours « SamSam en Soom soom » et du coup je lui ai rendu hommage en incorporant ce truc-là. C’est très proche de moi, parce que tout le monde m’appelle SamSam, et ça se reflète dans ma musique car elle est toujours plus proche de moi et de mes émotions.
Comment en es-tu arrivé à franchir les portes de Bizarre ! ?
SamSam Soom : Par l’intermédiaire de Buzz Booster parce qu’on n’avait pas été sélectionnés du coup on a rouspété ! Rires. À l’époque c’était Thomas qui travaillait là (NDLR : Thomas, anciennement chargé de la programmation de Bizarre !) et qui nous a reçu avec toute sa gentillesse et sa douceur. Il nous a expliqué et proposé plein de choses, dont une résidence et une première partie. Cette porte là nous en a ouvert plein d’autres par la suite. On est vraiment reconnaissants du début de l’aventure avec Bizarre !, on espère que ça va continuer encore longtemps.
Sur quels aspects de ton set travailles-tu lors de ta résidence ?
SamSam Soom : On travaille beaucoup l’expression scénique car c’est un set qui est tout nouveau et qui n’est pas encore sorti. Il devrait sortir au printemps 2021. Ce ne sont que des titres que j’avais jamais travaillé en live, c’est beaucoup d’exploration scénique, un peu de technique aussi car je chante de plus en plus, donc il faut que je sois le plus juste et à l’aise possible avec ma voix. C’est plus compliqué de chanter que de rapper pour moi. Je travaille sur tout ça et surtout sur la diversité de ma musique et de mon personnage pour monter en intensité et partager toute cette douceur au maximum. Ce personnage, c’est moi en vrai. Si tu parles à mes potes ils diront toujours « Samsam c’est le lover, un peu nonchalant, qui se la pète mais qui goleri et qui est cool. » Le chevalier de la douceur c’est ça, mais poussé à l’extrême pour que ce soit encore plus fort et que je puisse m’amuser. C’est vachement important pour moi de prendre du plaisir dans ce que je fais. En prenant du plaisir, j’en donne et la vraie fonction de ma musique pour moi c’est de partager du plaisir, de la joie et de l’amour avec les gens. Je suis obligé d’être fidèle à moi-même, je ne peux pas inventer un personnage qui est en désaccord avec ce que je suis. Donc c’est un personnage qui reprend mes traits de caractère, qui les bonifient et les amplifient.
Tu nous présentes ton équipe ?
SamSam Soom : Je travaille avec plusieurs beatmakers. Pour moi la musique c’est partager les choses, rencontrer les gens. Le label associatif qu’on a, nous a amené à rencontrer plein de monde et à travailler avec plein de gens différents. (NDLR : Le label Logic Quaaludes Records basé à Aix-les-Bains). C’est là où on produit toute notre musique. On fait toutes nos créa', nos prod' ensemble et on essaie de progresser et s’alimenter les uns et les autres. Le label est basé à Aix-les-bains. Nous autres on appelle ça Aix-les-Baños, on aime bien se la raconter. Pour nous c’est un petit coin de paradis ! Il y a le lac pour le chill et la montagne pour la détente. C’est ce territoire et cette ville qui ont inspirés ma musique et les messages que je veux transmettre. Bientôt Aix-les-Baños ce sera le centre musical et artistique de cette planète, on travaille pour ! Aujourd’hui je travaille principalement avec 3 beatmakers Amnesia, Kywo et Livio qui travaillent beaucoup avec moi sur mon projet actuel. C'est ma base solide, après il y en a d‘autres qui gravitent un peu, il y a Sky qui est l’ingé son de notre label et Cyril qui est notre manager et vidéaste. Il gère toute l’image de notre musique. Le noyau dur c’est vraiment Kywo, grâce à qui j’ai défini ma musique. Il m’a emmené vers le chant et la prise de risque, de moins en moins vers le rap et de plus en plus vers la pop. Je bosse avec d’autres beatmakers qui ont l’habitude de faire de la grosse trap comme Amnesia. Maintenant il fait de la house et du zouk avec moi et c’est chanmé de pouvoir échanger les univers, qu’il m’emmène dans le sien et que je l’emmène dans le mien. On essaie de partager au maximum la musique pour qu’elle soit le plus authentique possible et remplie de toutes les belles choses dont elle a besoin. On se soutient les uns les autres, on se rend meilleurs, plus beaux, plus doux et plus mieux ! Rires.
Un mot sur tes projets en cours/à venir ?
SamSam Soom : On vient de finir deux mini EP, « Épicé » et « Doux », qui ont deux titres chacun. On a sorti le clip de Carroussel qui est sur épicé il y a un mois. Là on va sortir un autre clip de Doux qui s’appelle Coco qui va arriver avant la fin 2020. Après on va se lancer sur un projet plus long d’une dizaine de tracks avec plus de place accordée aux musiciens et au chant. On veut trouver le juste équilibre entre l’acoustique et le digital pour apporter une nouvelle chaleur et plus d’âme à la musique. Ce sera un projet plus proche de ce que j’ai envie de donner aux gens en termes d’émotions et de ce qui me représente. Je peaufine mon identité musicale pour que les gens se disent « je veux écouter le chevalier de la douceur ».
Quelles-sont les conséquences de la crise sanitaire dans l’avancée de ton travail en tant qu’artiste ?
SamSam Soom : Franchement walou. Je suis en pleine création en studio, en résidence ou chez moi. La galère c’était surtout pour se rencontrer, mais les attestations nous permettent de voyager à Paname ou à Lyon. Ça nous dérange pas plus que ça. Les concerts sont impactés mais finalement, ça me permet de les travailler avec le nouveau projet, c’est un mal pour un bien. C’est plus en tant que consommateur que ça me frustre, j’aime beaucoup aller voir des concerts. Mais c’est pas plus mal, ça me permet de me concentrer sur ma musique et sur ce que j’ai envie de faire. C’est compliqué pour tourner les clips mais on s’adapte. Je n’ai pas vraiment de dates de prévues, tout a été décalé. Heureusement, on a maintenu ma date à Bizarre ! en première partie de VSO le 3 avril. Ça va être louuuurd de ouf ! On est en train de travailler un vrai show avec l’équipe. J’ai hâte d’être au printemps, que les fleurs poussent et d’amener le printemps sur scène ! C’est ma saison préférée donc je suis très content de pouvoir jouer à cette date-là. Ce projet va respirer l’amour, le flirt, la promenade d’été et tu vois la petite brise fraîche du printemps ? Où t’es en tee-shirt mais t’es bien, t’as pas chaud ? Bah ma musique ça va être la petite brise fraîche qui te mets bien !
Quelle est ta plus grande inspiration musicale ?
SamSam Soom : En ce moment, j’essaie de sortir du rap. J’écoute pas mal de musique traditionnelle marocaine, de musique brésilienne, de bossa nova. Dans le rap français, j’aime bien ce que font Sean et Luidji. Le mec qui m’a vraiment fait aimer le rap et qui m’a donné envie de faire ça c’est MC Solaar. C’est de la poésie hyper belle, avec des images qui se baladent. J’écoute beaucoup de musiques du monde et américaines. Le projet est influencé par des mecs comme Mac Miller, qu’il repose en paix, Buddy que j’aime beaucoup, il y a des vibes un peu house à la Kaytranada. Cet été je trainais avec des gens qui écoutaient à fond du RNB, de la soul. J’écoutais Her, Summer Walker, qui sont des choses que je n’ai pas l’habitude d’écouter et ça m’inspire de ouf. J’essaie de ne pas m’enfermer dans un truc. J’écoute de la Bossa Nova depuis un mois, c’est un coup le mois prochain je vais écouter de la musique indienne. J’essaie de varier à fond pour collaborer avec des musiciens du monde entier à terme. Voir un peu comment la musique peut nous rapprocher et nous permettre de créer de belles choses ensemble. C’est important qu’on soit singulier. Dans un esprit de partage mais tout en étant fiers de nos différences et sans uniformiser les choses. Travailler avec un joueur de oud au Maroc au fin fond de Ouarzazate ça serait un kiff pour moi. Aussi bien qu’aller travailler en Italie avec une chanteuse d’Opéra. Pour moi, la musique c’est vraiment l’exploration, avoir le plus de couleurs possible sans perdre la tienne. Je ne crois pas les gens qui disent qu’ils n’ont pas d’influence et qui se sont faits seuls. L’influence elle peut aussi bien venir d’une rencontre que tu fais sur la plage d’Aix, que d’une copine que j’ai eu ou une partie de foot que j’ai fait avec des potes. L’inspiration elle se puise de partout dans ce que tu fais et ce que tu vois.
Une punchline qui a beaucoup de sens pour toi ?
SamSam Soom : Ça va faire le mec de ouf, mais pour moi une punchline c’est genre « Je t’aime ». Une punchline, c’est pas forcément une métaphore. Ça peut être une note, une mélodie. Je le vois plus comme une émotion. Je pourrais dire « je sais qu’avec toi je voudrais toujours plus que toujours ». C’est sur un morceau du projet qui s’appelle « Toujours plus » et j’aime bien cette idée de vouloir plus que toujours.
Ta musique du moment ? / Le dernier son que tu as écouté
SamSam Soom : En ce moment je t’avoue que j’écoute des trucs bresom. Je me réécoute l’album The Infamous de Mobb Deep. C’est pas vraiment ce que je fais comme musique mais je suis dans une période new-yorkaise à fond avec l’hiver. J’ai beaucoup aimé l’album de Wizkid aussi ! Ça n’a rien à voir mais j’écoute plein de choses différentes.
La question de la fin (roulements de tambours...) :
À ton avis, il est comment le monde d'après ?
SamSam Soom : Il est doux. J’ai espoir de ouf. Même si en ce moment c’est la galère, je sais que les gens ont de l’amour en eux. Faut juste qu’ils n’aient pas honte de l’assumer et qu’ils se sentent beaux. Je vais faire en sorte de me sentir de plus en plus beau et de plus en plus doux, j’espère que les gens vont me suivre là-dedans. Il faut qu’on soit fiers de nous, de nos différences, de nos héritages et de nos patrimoines, et qu’on montre à ce monde-là qu’avec toutes nos singularités, on peut faire quelque chose de beau.
Crédit photos : Header / Corps de page - SamSam Soom